Quand l’immobilier de nos villes revêt ses plus beaux atours pour s’associer à la démarche de développement durable. Ainsi je vous partage un immeuble aux accents de « petit coin de verdure immobilier » pour reprendre son souffle dans le tumulte des informations quotidiennes.
Mais quel est donc cet immeuble qui illustre de plus en plus les publications des acteurs de l’immobilier dès que le terme « écologie » est cité ? D’ailleurs, je ne vais pas le cacher, il s’agit également de l’immeuble phare qui accompagne la charte graphique d’Orama.
Si vous avez eu l’occasion d’aller à Milan ces dernières années, sans doute avez-vous été interpellé par un double îlot de verdure vertical. Une forêt qui monte au ciel. Il s’agit d’El Bosco Verticale réalisé par l’architecte italien Stefano Boeri.
Comment associer l’immobilier et le développement durable ?
Un projet inspirant dédié à l’immobilier durable
El Bosco Verticale est situé au cœur des gratte ciels milanais dans le quartier d’affaires. Alors, comment détacher son regard de ces bâtiments vivants qui tranchent tellement avec les immeubles traditionnels qui l’entourent ?
Tout d’abord, c’est un projet immobilier inspirant parce qu’en posant nos yeux sur ces tours, nous avons des dizaines de questions qui viennent à l’esprit. Certaines sont d’ordres structurels, d’autres botaniques ou tout simplement des questions plus terre-à-terre sur le confort de vie des habitants et l’entretien de l’immeuble. Ainsi associer l’immobilier et le développement durable devient concrètement possible.
El Bosco Verticale est un subtil mélange d’esthétisme, d’enjeu urbain et de réponses aux défis climatiques. Voilà pourquoi ce projet est impressionnant et inspirant. C’est un bâtiment immobilier à visée responsable.
La végétalisation des tours propose des solutions aux nombreux enjeux auxquels l’urbanisme moderne doit faire face :
- L’étalement urbain et la perte des terres agricoles,
- La perte des sols « nus » capables d’absorber les intempéries,
- La perte de la biodiversité en faveur de l’artificialisation des sols,
- La nécessité de créer des logements dû à la pression démographique et surtout, à la migration citadine qui se poursuit inexorablement,
- Le bitume des villes qui accentue les îlots de chaleur dans un contexte de réchauffement climatique,
- Le besoin de vivre dans un environnement agréable, qui pousse les habitants à rechercher des environnements plus avenants,
- Le bâtiment non durable, véritable émetteur de gaz à effet de serre,
- La pollution de l’air dans les métropoles dont les conséquences sanitaires ne sont plus à démontrer.
Quand l’immobilier durable devient réalité pour le développement durable
Ce projet représente une forme d’utopie devenue réalité : une densification douce offrant aux habitants un cadre de vie un peu plus en harmonie avec la nature. Ainsi 90 espèces végétales sont présentes, accompagnées de 1 400 arbres et arbustes et 11 000 plantes, ce qui représente près de 20 000m² de végétation.
Au total, ce sont 113 appartements répartis sur 2 bâtiments quasi jumeaux qui proposent un lieu d’habitation hors norme dans un principe bioclimatique.
Pourrions-nous vivre sans verdure ?
Quand la nature agit sur la santé
En 1984, un chercheur américain Robert Ulrich démontra qu’un patient bénéficiant d’une vue sur un parc avait des effets bénéfiques sur sa santé. D’une part il consommait moins d’antidouleurs et d’autre part, il accélérait sa période de convalescence en comparaison à un patient sans vue sur la verdure (1). De nombreuses études portées sur la neuroscience accordent une place importante de la nature sur nos comportements. Elle semblerait modifier favorablement notre attitude face au stress, à la concentration etc. Ainsi en Asie, on a vu apparaître des pratiques telle que le « shinrin yok » au Japon, c’est-à-dire « bain de forets », ou encore les forêts curatives en Corée du Sud. Une approche globale appelée la sylvothérapie.
Aujourd’hui, la nature trouve peu à peu sa place dans nos cités. Elle peut se traduire par des projets comme El Bosco Verticale qui inspire nombre d’architectes et de villes. La ville de Liuzhou en Chine a fait appel à l’architecte milanais pour penser un quartier totalement végétalisé qui accueillera 30 000 habitants : the Forest City (2).
En France, des collectivités s’emparent du sujet avec des plans d’aménagement ambitieux tel que Lille. En accompagnement de l’ADEME, la commune propose une politique de plantation urbaine afin de lutter contre le réchauffement climatique. Les retombées sont nombreuses (3) :
- Amélioration de la température en zone urbaine et de la gestion des eaux pluviales,
- Atténuation du changement climatique : piéger les émissions de gaz à effet de serre, produire localement des bio-matériaux ainsi qu’une énergie renouvelable,
- Favorisation la biodiversité en ville,
- Contribution au cadre de vie plus agréable,
- Amélioration la qualité de l’air.
Comment agir à l’échelle du citoyen ?
Le retour de la nature en ville se traduit par la végétalisation des toitures ou encore des façades des immeubles qui souhaitent s’inscrire dans une démarche de développement plus durable. Nous retrouvons cette touche verte autant dans les immeubles d’habitation que sur les bâtiments publics, tertiaires ou de bureaux.
Pour inciter les particuliers à être également acteur de la végétalisation des espaces urbains, Paris a mis à en place la démarche « végétalisons la ville ». Cela prend la forme d’appels à projets, de permis de végétaliser ou d’un guide des plantes régionales etc. (4). Certains n’hésitent plus à installer des ruches sur les toits pour favoriser la biodiversité. Il se dirait même que le miel de ville est excellent grâce à la diversité florale des jardins. Car une température moins fraîche qu’à la campagne favorise un temps long de floraison. Et paradoxalement, la ville présente moins de produits phytosanitaires qu’en campagne. Les abeilles étant de grands pollinisateurs, leur présence créé un cercle vertueux avec la « nature-urbaine ».
Pour une ville plus durable
Prendre soin de son environnement peut désormais passer par la végétalisation des espaces de vie. Les vertus sont nombreuses et entraînent tant les municipalités, les architectes et que les promoteurs à intégrer dans leur démarche le verdissement de ces espaces.
Avec la mise en place prochaine de la Réglementation Énergétique 2020 (5) qui vise à créer des bâtiments à énergie positive tout en diminuant les gaz à effet de serre émis, ne doutons pas que de nouvelles initiatives vertes seront trouvées par les acteurs de l’immobilier pour ramener la nature au plus près des habitants.
Sources et informations complémentaires
- (1)View through a window may influence recovery from surgery. Ulrich R., Science, Mai 1984.
- (2) https://www.batiactu.com/edito/plus-fort-que-bosquets-verticaux-boeri-imagine-ville-52156.php
- (3) https://www.ademe.fr/larbre-milieu-urbain-acteur-climat-region-hauts-france
- (4) https://www.paris.fr/pages/vegetalisons-la-ville-2459
- (5) http://www.rt-2020.com/