Comment préparer l’habitat à un climat à +4°C d’ici 2100 en France ?
Le climat se réchauffe. Les derniers rapports indiquent que les objectifs de maintien des hausses de température en dessous de 2°C (par rapport à l’ère préindustrielle) pour 2100 seront difficilement maintenus. Aussi, dès 2023, le Ministère de la Transition Écologique a mis en place un groupe de travail pour élaborer un plan national d’adaptation composé de 51 mesures, dont plusieurs concernent directement l’immobilier et l’habitat. L’objectif est de plancher sur un scenario à+3°C de réchauffement planétaire, ce qui nous amène à une France à +4°C en 2100. Le rapport a été dévoilé en octobre 2024. En prendre connaissance, c’est anticiper les évolutions et ainsi mieux arbitrer ses décisions. En voici les principales actions et leurs impacts.
Adapter les logements au risque de forte chaleur
Face à l’augmentation des canicules, les logements ont un rôle majeur à jouer pour protéger au mieux leurs occupants de la chaleur. Cela se caractérise par une meilleure intégration du confort d’été et du confort thermique, notamment en Outre-mer, dans les programmes de rénovation énergétique. Ainsi les diagnostics et règles de rénovation seront adaptés pour inclure cet enjeu de manière systématique.
La Réglementation Environnementale 2020 – dite RE2020 – impose un indice de confort d’été pour maîtriser les effets des fortes chaleurs dans les bâtiments neufs. Dès 2030, les rénovations thermiques financées via MaPrimeRénov’ intégreront également ces enjeux.
Promouvoir les technologies de froid renouvelable
Le besoin en climatisation doit croitre mais en intégrant des solutions respectueuses de l’environnement. En effet, les climatiseurs actuels émettent des gaz à effet de serre sous forme d’hydrofluorocarbures, qui contribuent au réchauffement climatique? Il est ainsi nécessaire de repenser la filière pour être compatible avec les enjeux environnementaux. Ainsi, un appel à projets dans le cadre de France 2030 et le Fonds Chaleur visera à développer des systèmes de froid renouvelable, en vue de réduire l’empreinte carbone des habitations.
Renforcer les systèmes d’assurance contre les risques naturels
Les sinistres climatiques ont coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs français en 2023 et d’ici 2050, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) anticipe une hausse de 40% des dépenses (60% en intégrant la croissance future des assurés)*. Dans le cadre du Plan d’Adaptation, le gouvernement entend préserver une mutualisation des risques climatiques en garantissant une assurance accessible sur tout le territoire, notamment dans les zones très exposées comme les Outre-mer, où le phénomène de non-assurance est préoccupant. Pour maintenir cette solidarité entre assurés face aux catastrophes naturelles, un observatoire de l’assurance des risques climatiques sera créé. Cet outil vise à renforcer la transparence sur les pratiques des assureurs et à inciter ces derniers à proposer des tarifs abordables dans toutes les régions.
Prévenir les risques d’inondation et d’érosion côtière
Les changements climatiques augmentent les risques d’inondations et de submersion marine. En cause : les pluies plus intenses, la montée des eaux et l’impact sur les zones littorales. Pour y faire face, l’État, en collaboration avec les collectivités, adaptera les référentiels de prévention, renforcera les digues via le Fonds Barnier et le Fonds vert, et révisera les aménagements pour mieux protéger les territoires exposés.
L’érosion du littoral touche déjà 20 % des côtes françaises, nécessitant une recomposition des territoires adaptée. L’État accompagne cette transition à travers 7 projets partenariaux d’aménagement, incluant diagnostics, stratégies foncières et travaux, qui serviront de démonstrateurs pour élaborer une doctrine nationale et proposer des dispositifs de financement durable.
Protéger la population des désordres sur les bâtiments liés au retrait gonflement des argiles
Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), accentué par la sécheresse et les pluies intenses, menace 10 millions de maisons individuelles et pourrait augmenter la sinistralité de 44 % d’ici 2050. Pour atténuer ces risques, le Plan d’Adaptation vise à renforcer les actions préventives : mise à jour des cartes d’exposition, promotion de solutions techniques pour les bâtiments existants et neufs, amélioration du régime d’indemnisation des sinistrés et diffusion élargie d’informations aux particuliers et élus.
Protéger la population des risques glaciaires et périglaciaires
Les risques d’origine glaciaire et périglaciaire (ROGP) liés à la fonte des glaciers et au dégel du pergélisol, menacent les zones en haute montagne et peuvent affecter les populations et infrastructures en aval. Face à cette menace croissante due au changement climatique, des actions seront entreprises pour identifier les sites exposés d’ici 2025 et mettre en place un dispositif de prévention et de protection, en appuyant financièrement et techniquement les collectivités concernées.
Se préparer à l’augmentation attendue des incendies de forêt et de végétation
Face à l’intensification des risques de feux de forêt, cette mesure vise à renforcer la protection des territoires exposés, qu’ils soient historiquement à risque ou nouvellement concernés par le changement climatique. En 2025, la stratégie nationale de défense contre les incendies sera mise en place, avec des plans de prévention et de surveillance renforcés, des obligations de débroussaillement pour les particuliers et l’accompagnement des collectivités via le Fonds Vert pour améliorer la prévention et la sensibilisation à ce risque croissant.
Vers une valeur verte renforcée
Ces mesures montrent l’importance d’intégrer la valeur verte dans la conception des bâtiments qui constituent la ville de demain. En anticipant ces évolutions et risques, les propriétaires protègent non seulement leurs biens, mais aussi leur confort et leur sécurité dans un climat en mutation.
Se préparer aujourd’hui pour habiter demain
Cette grille de lecture est un outil pour bâtir un habitat résilient face à un futur à +4°C. Elle réaffirme la nécessité d’une action collective pour protéger notre cadre de vie tout en assurant sa durabilité.