Bordeaux crée son propre label immobilier

Qu’est-ce que la frugalité ? Est-il synonyme de simplicité, de sobriété, de décroissance, de low-tech? Ici, nous retiendrons le terme de « modération » associé à la notion de prise de conscience.

Avec ce nouveau label, la ville de Bordeaux veut inciter toutes les personnes souhaitant rénover ou créer des logements, à s’interroger sur les ressources disponibles, la qualité de vie proposée aux locataires/usagers, la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre, la prise en compte des spécificités climatiques / géographiques …

Bordeaux propose aux acteurs de l’immobilier de penser « global » et d’agir en « local».

Ainsi, le label se décline sous un référentiel qui se compose de 42 critères. Ceux-ci s’organisent autour de 3 grands axes de réflexions (et d’action) :

• bienveillance avec le territoire d’accueil
• faire mieux avec moins
• adaptation au contexte de demain

C’est toute la vision de l’immobilier qui est pensée : matériaux, isolation, ventilation, usages, qualité de vie, insertion urbaine ou encore biodiversité.

L’objectif de Bordeaux est de « contextualiser » la production de logements, en proposant aux opérateurs de s’adapter au territoire et aux enjeux locaux climatiques, économiques et sociaux.

L’obtention du label ne sera pas obligatoire avant 2023. En effet, la mairie prévoit de le rendre opposable en intégrant le label dans le prochain PLUi. D’ici là, les professionnels de l’immobilier auront la possibilité de solliciter volontairement le label. Rappelons ici, que les particuliers sont également concernés par cette démarche.

Les services d’urbanisme de Bordeaux pourront étudier tous les projets sous le prisme du référentiel. Pour obtenir le label, le projet immobilier devra répondre favorablement aux 22 critères obligatoires – il s’agit du minimum imposé. Au-delà, une notation sous forme de feuilles (jusqu’à 3) viendra compléter l’analyse du programme et ainsi souligner son impact positif. Par exemple, un programme immobilier répondant aux 22 indicateurs obligatoires + 17 critères optionnels (sur 20) obtiendra la note maximale de 3 feuilles. Retrouver le référentiel ici

Treize projets immobiliers ont obtenu le label « Bâtiment frugal bordelais ».

Quelques exemples :

• Le projet de la ZAC Bastide Niel sur la rive droite de la Garonne. Ici, 33% d’espaces publics seront paysagés et végétalisés alors que jusqu’alors 100% des surfaces étaient bétonnées. La ZAC accueillera le programme immobilier Nové.ha des promoteurs Legendre Immobilier et Equans.
• Le promoteur bordelais IDEAL Groupe propose depuis mi-novembre le programme Bordeaux- Piéchaud (10 logements) qui vise le label bordelais.
• L’îlot Counord au cœur du quartier des Chartrons permettra la création d’un jardin partagé, de toitures végétalisées et de jardinières (87 nouveaux logements)
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Rappelons que la RE2020 vient bouleverser la filière du bâtiment puisque l’objectif est de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (dont le carbone) afin de répondre aux enjeux nationaux de neutralité carbone pour 2050. Elle viendra remplacer la RT2012 pour tous les nouveaux projets de construction dont le permis de construire sera déposé dès janvier 2022.

Alors, pour quelle raison la commune de Bordeaux réalise-t-elle son propre label ? La RE2020 ne serait-elle pas assez ambitieuse aux yeux de la nouvelle mairie écologiste ?

Le Label Bâtiment Bordelais se veut être une démarche complémentaire à la RE2020. Elle prend en compte une approche et une spécificité locale. Ainsi, parmi les critères qui viennent compléter la RE2020, on trouvera la notion de ville du quart d’heure, la préservation des espaces « nature », l’obligation de s’approvisionner en matières premières dans un rayon de moins de 200 km pour privilégier les filières locales.

L’objectif de Bordeaux est bien de contextualiser la production de logements, en proposant aux opérateurs de s’adapter au territoire, aux enjeux locaux climatiques, économiques et sociaux.

Notons également la volonté de la mairie d’inclure les riverains aux projets de construction/rénovation. Plus précisément, un des indicateurs du label proposera 5 niveaux de notations allant de la « manipulation » (le terme est volontairement fort) à la « co-construction ». Bordeaux fait le constat qu’un bâtiment s’inscrit dans un environnement existant et que les riverains sont également des parties prenantes. L’objectif est de créer des échanges entre les acteurs de la ville (promoteur, usagers, commerçants, associations…) et ainsi contribuer à diminuer le nombre de recours et les délais d’instruction des dossiers.

Le président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Nouvelle-Aquitaine et la Mairie de Bordeaux ont signé récemment « un manifeste pour un urbanisme de projets frugaux« . Il repose sur une conviction partagée qui se traduit par un document de 4 pages. Celui-ci est ouvert à la signature de tous les professionnels qui désirent s’engager dans la construction d’une ville plus durable.

Il est à noter que selon les professionnels, l’obtention de ce label engendrerait un surcoût allant de 10 à 40% Les prix des logements ayant fortement progressé ces 10 dernières années (+56%), les professionnels de l’immobilier devront certainement se tourner vers de nouvelles technologies / techniques afin de conserver un prix de vente raisonnable.

Le nouveau label bordelais serait certainement l’opportunité – pour les professionnels – de se pencher sur les solutions low-techs : elles pourraient répondre à court terme aux nombreux enjeux qui se préparent au sein de l’ancienne « Belle Endormie ».